La plage camoufle sa mélancolie sous un masque blanc,
La mer bleue de froid se tord de douleur,
Transparentes stalactites en avant,
Les Roches Noires semblent d'ailleurs.
Reflets d'argent scintillants sur le fleuve,
Dragues orangées des chalutiers endormis,
Fines empreintes pour preuves,
La mouette au bec safran s'épanouit.
Grises fumées s'envolent des toitures,
Disparaissent dans l'azur blanchit,
Plus sombres celles des voitures,
Dansent sur l'asphalte vernis.
Dans un long manteau vert,
Écharpe jaune sur nez carmin,
Fluorescente en ce jour d'hiver,
Éphémère rose meurt ce matin.
Sous une fine forêt à la cime blanchie,
Sur un sol aride dispersée par le temps,
Petites dunes et crevasses affranchies,
S'étendent deux bleus océans.
Sur l'eau, bateau d'une comptine d'antan,
Ricochets de regrets sur l'écume de mer,
Voiles humides d'un souvenir chantant,
Naviguent entre sourires et larmes amères.
Encore quelques coups de rames,
L'orage est derrière s'approche l'horizon,
Devenir poussière n'est pas un drame,
Si terre n'est plus que poison.
Acrostiche temporelle à l'enfant que je serai
Une drôle de vie t'attends gamin
Ni père ni mère te voilà orphelin.
Surmontes ta peur du noir et des araignées
Ouvres sans crainte la porte du grenier.
Un après l'autre découvres ses trésors,
Reproduis la vie au temps des dinosaures,
Imagines toi capitaine de quinze ans,
Rêves de princesse et de prince charmant,
Explores le monde aux confins des livres .
Oublies noirs regards et mots qu'ils délivrent,
Un silence évite de lourdes peines.
Parcoures les mers, voles sur les plaines
Et prends bon chemin surtout de traverse.
Utilises le ruisseau qui découle des averses,
Trouves dans l'abandon la route de raison.
Être libre comme oiseau c'est suivre saisons.
Tanguer au gré des vents et des tempêtes,
Relever tête à chacune des défaites
Et ne tendres chaînes sur terres conquises.
Unis que de fleurs promesses à promises,
Ne cours pas plusieurs lièvres à la fois.
En amour n'est que reine si roi.
Laisses s'envoler les fantômes du passé,
Accroche toi à tes rêves mêmes froissés.
Restes fidèle à la main qui t'es tendue,
Mords la vie plus que le fruit défendu
Et ne caches jamais ni sourires ni larmes.
4 saisons pour un printemps.
l'automne,
Dominé par les toits de la ville où les goélands aiment abriter leurs progénitures,
Chaussée le long de l'affluent où les chalutiers jettent l'ancre,
Les premiers rayons de soleil se reflètent sur les tuiles des noires toitures,
Le quai s'éveille aux cris du vendeur de pages noircies d'encre.
Le cantonnier ramasse l'amas de feuilles brunies que le vent d'automne abandonne,
La bruine s'étend sur les étals du maraicher qui expose ses légumes et fruits de saisons,
Le camelot à l'abri du regard appelle le prodigue d'une affectueuse prière à la Madone,
Les fumets du traiteur nous accueillent sur ce petit marché de mortes saisons .
Balades fraîches mais agréables réunissant toute la famille les dimanches ensoleillés,
Promenades affectueuses d'amants épris sous les lueurs de l'été de Saint-Martin,
Sur le bitume arrosé se croisent les regards typiques des flambeurs ensommeillés,
Le regard endormi d'un modeste moussaillon s'en allant à la mer de bon matin .
L'hiver,
Avec les vents glacés du nord les ardoises s'illuminent des floche de brumes,
Les chalutiers assoupis s'étendent sur un duvet de laines floconneux,
le crieur de journaux perdu sur le quai nébuleux traîne son rhume,
Ils proclame les faits à quelques silhouettes fantômes d'un timbre cotonneux.
Certains matins féériques par la malice éphémère de mère nature,
Le manteau grisâtre de l'asphalte se recouvre d'une fine veloutée,
Deux ou trois agriculteurs aguerris proposent oeufs frais et bonnes confitures,
Le marché semble imperceptible dans cette pureté ou le client est chouchouté .
Le père et le petit s'amusent batailles de neiges improvisées l'œil complice.
Un peintre ignoré étale ses coloris s'inspirant des reflets cendré de la clarté,
L'adulte et l'enfant se régalent et jouent avec délice,
L'artiste saisit l'instant angélique attentif à la moindre impureté.
Le printemps,
La berge déserte de sa trentaine de vaisseaux en campagne sur la mer,
Les pluies printanières inondent les gouttières vomissant leur trop plein dans les caniveaux,
Entre deux averses proclamant à qui veut l'entendre débat politique et autres chimères,
Le vendeur d'illusion échange une information bien éloignée de la vérité chère à Marivaux .
Les réverbérations sur la chaussée arrosée aveuglent le moite agent communal,
Elles illuminent d'éclats les vitrines des restaurants et des boutiques.
Le marché se termine le charcutier d'un geste honorable réconforte le marginal,
Dans la tiédeur de midi les badauds perçoivent les effluves aquatiques.
Touristes et pèlerins se pressent sur ses places de parking les grands week-end de Mai,
Ils précipitent leurs rejetons vers un autre joyau de la ville sans nul autre contradiction,
Ils négligent la quiétude du lieu et ne prennent le temps de l'être aimé,
Trop frivoles, accaparés par leur téléphone connecté, ils s'éloignent sans affiliation .
L'été,
Le reflux rejette son excédent vers la mer des rayons argentés ondulants sur la rivière ,
Les derniers chalutiers appareillent pour une longue journée de pêche.
Les réclames du cirque présentent les numéros de voltige de l'écuyère,
Le jeune aboyeur décampe et pieds nus sur le sable déclame ses dernières dépêches .
Le marché s'allonge prolongeant ses achalandages vers la grande halle aux poissons,
Les allées gorgées de senteurs estivales se parent de pigments colorés et chatoyants,
Envahies par une marée humaine sollicitant du fermier la quintessence de sa moisson,
Les commerçants ravivent les papilles de mets iodés et comble cette armée d'assaillant .
Le crépuscule s'étend nonchalant sur les berges animées et les embarcations assoupies,
Un couple d'amoureux dans la chaleur latente de l'été profite de la lenteur du temps,
Un guitariste émerveille de ses notes quelques groupies,
Le quai alimente sa mémoire de ces précieux instants .