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Marie Paule Guillemard après une carrière de journaliste dans la presse écrite, la radio régionale puis France3, a crée des sociétés dans le domaine du commerce et s'est investie dans l'apprentissage des jeunes en devenant vice présidente d'une école d'apprentis en région parisienne. Elle est aujourd'hui revenue à l'écriture par le biais de "billets d'humeur en rimes libres", qu'elle a publié dans des recueils variés : "Confidences pour confinement", "les Mots dansants" illustré par un artiste normand, "Les Mots passants", les Mots givrés" illustrés par sa fille photographe normande, "Les Ani-mots" à quatre mains avec son père André Dezellus pour commémorer les 100 ans de sa naissance, et "Guerre" sur le conflit actuel entre l'Ukraine et la Russie. D'autres en cours, devraient paraitre dans les mois qui viennent.

MÉMOIRE DU FUTUR

 

Nostalgique des beaux jours

Elle repense à ses amours,

Se remémore son passé

Jeunes années envolées.

 

Temps où brillait sa beauté

Où le monde vivait en paix

Léger de pouvoir aimer

Libre de s’aventurer.

 

Travaillant avec ardeur

Elle y mettait tout son cœur

Car elle ignorait la peur,

Même en faisant des erreurs.

 

Aujourd’hui un peu fanée

Elle se sent bien fatiguée,

A du mal à supporter

De paraître diminuée.

 

Elle n’a plus la même tête,

Et fragile sur ses gambettes

A quitté ses escarpins

La fête n’est pas pour demain.

 

Elle vit dans ses souvenirs

Qui un jour vont s’enfuir,

Égraine le temps d’avant,

La douce période d’antan.

 

Et puis souvent elle espère

Avec force, avec colère,

Que ne vienne pas la guerre

Que la paix règne sur terre.

 

Que soient protégés du pire

Ses enfants à l’avenir.

Que toujours soit épargnée

Notre frêle humanité.

RAT(ION)S

 

Passer des jours à Paris

Décrit comme un paradis !

Le voyage j’entrepris,

Pour vérifier cet avis.

 

Des champs me voilà parti

Pour la ville, chez des amis

Me promettant beuverie,

Aiguisant mon appétit.

 

Je fus fort bien accueilli

Et gracieusement servi.

Avec une belle énergie

Fus gratuitement nourri.

 

Je pouvais le jour, la nuit

Et cela n’a pas de prix,

Me vautrer avec orgie

Dans les poubelles du pays.

 

Dans les rues en plein conflit,

Je suivi tout le circuit,

Détritus laissés en pluie

Sur les artères envahies.

 

Une belle cérémonie

Puisqu’il nous était permis

A nous les rats et souris,

De manger à l’infini.

 

Ce furent des jours bénis

Sur les voies, dans les débris,

Que sillonner tout Paris,

Remercions en la mairie.

 

Au diable l’écologie,

Bienvenue épidémies

Auxquelles nous aurons soumis

Les hommes, nos grands ennemis.

AVIS DE DECES

 

Tu t’en vas vers le ciel

Et voles à tire d’ailes

D’un sommeil éternel.

Personne n’est immortel !

 

Dans notre temporel 

Apprendre la nouvelle

En période de Noël,

Nous parait irréel

 

Même s’il est officiel

Ce deuil immatériel

Nous semble irrationnel

Et pourtant bien cruel.

 

Peut-on désespérer

Qu’un être nous ait quitté

Quand il est aspiré

Vers son éternité.

 

Il nous aura laissé

Un goût d’inachevé,

Mais pourra profiter

De la sérénité.

 

Jamais plus de querelle

Que sa vie sera belle !

Peut-être spirituelle

Même si inhabituelle.

 

Quelle soit accidentelle,

Ancienne ou actuelle,

Cette vie parallèle

N’a plus rien de charnelle.

 

Pensée circonstancielle,

Sentiment fraternel

Et force émotionnelle,

Nous serons essentiels.

DEFIS A TENIR

 

Une crise profonde

Bouscule notre monde

Et nos démocraties,

Qu’on croyait garanties.

 

Des régimes autocrates

Sans cesse nous menacent

Et l’antisémitisme

Sournoisement se glisse.

 

Nos sociétés s’effondrent

Il faudra bien répondre.

Quand on est attaqué

Il nous faut résister.

 

Russie contre Ukraine

On ressent de la haine.

La Chine face à Taïwan

Et les peuples s’enflamment.

 

Habitants de l’Iran

Ouïgours ou bien Afghans,

Tous luttent c’est inquiétant

Et font front aux tyrans.

 

Il faut que l’occident

Se réveille prudent

Et pour ses occupants

Qu’il se montre vaillant.

 

La liberté fragile

Ne tient plus qu’à un fil.

Pour nous la préserver

Tâchons d’être soudés.

 

Défier les extrémistes,

Défendre la justice,

Combattre les populistes,

Comme les islamistes.

 

Quels défis à tenir

Pour que notre avenir

Au futur incertain

Redevienne serein.

L’ABRI


J’héberge ma détresse
Telle une vieille maîtresse,
Dans un lieu défraîchi
Grand comme un cagibi.


Je loge ma tristesse
Dans une simple pièce.
Ne rien laisser paraître,
Et relever la tête.


Ainsi j’ai un chez moi,
Même si c’est à l’étroit,
Pour finir la journée
Et pour m’y refugier.


Je dois aussi mendier.
Parfois suis embauché
Pour travailler au noir,
Rongé de désespoir


Pour payer le loyer
Même si mal logé,
Un tarif élevé,
Rien n’est jamais donné.


S’il s’agit d’un taudis
Je m’y sens à l’abri.
Pour moi c’est un refuge,
Un toit qu’on ne refuse.


Je n’ai que peu de sous
Pour acquitter ma soue,
Souvent j’y suis terré
Car je suis immigré.


Sans doute que j’enrichie
Des gens dans ce pays,
Mais j’ai un petit nid
Et ça n’a pas de prix.


Personne ne vit dehors
C’est pourtant notre sort
La clandestinité,
Quand on est sans papier.

LA POESIE

 

Elle émeut, entraîne des pleurs,

C’est une musique du cœur

Qui provoque mille sentiments,

Ne laisse pas indifférent.

 

Du plaisir, de la douceur,

Mots livrés avec chaleur

Ou retenus par pudeur,

Insufflent bonheur ou peurs.

 

Chaque style, sa mélodie,

Son rythme fait vibrer la vie.

Mode d’expression séduisant,

Langage souvent envoûtant.

 

Elle suscite des perceptions,

Diverses interprétations,

Des penchants et affections,

Des pensées, des inclinaisons.

 

Œuvres en prose ou en vers,

En quatrain ou en sonnet,

Elle est aubade ou pamphlet :

Ainsi le « Cancre » de Prévert,

 

« Océano-nox » d’Hugo,

« Le dormeur de Val » de Rimbaud,

« Les sanglots longs » de Verlaine,

Tant et tant d’autres poèmes.

 

Ebauchés ou aboutis

Pourvu qu’ils soient bien sentis,

Chaque strophe nous séduit,

La poésie resplendit.      

LES LARMES DU PETIT

 

Dis petit, pourquoi tu pleures,

Qu’as-tu donc sur le cœur ?

As-tu perdu tes parents,

Te rends-tu à un enterrement ?

 

Quelle peine a pu te submerger,

Pourquoi sembles-tu bouleversé ?

Quel chagrin t’a-t-il touché

Pour te faire ainsi larmoyer ?

 

Dis petit, de quoi as-tu peur

Quel est l’objet de ton malheur ?

Qu’est-ce qui te fait souffrir

Pourrais-tu me le décrire ?

 

Comment soulager tes maux

Et faire taire tes sanglots ?

Est-ce un si lourd fardeau

Que tu ne trouves pas de mots ?

 

Je voudrais capter ton regard

Te faire raconter ton histoire.

Je voudrais pouvoir effacer

Les images qui t’ont traumatisées.

 

La guerre ne finira-t-elle jamais !

Tant de personnes s’en sont allées…

Innocents torturés, tués, massacrés,

Pour des causes souvent injustifiées.

 

Tu as vécu de près l’horreur,

C’est trop dur à assumer la frayeur,

Car tu n’es encore qu’un enfant

Trop vite propulsé chez les grands.

 

Je voudrais te rendre la joie

Te dire de garder la foi,

De ne pas abandonner,

A l’espérance, de t’accrocher.

 

Mais je n’ai pas le pouvoir

De te redonner l’espoir

Alors je voudrais demander

Au ciel de savoir te consoler.

 

Je ne peux d’ici qu’implorer

Et sur ton sort m’apitoyer.

J’aimerais t’apporter le réconfort,

T’aider, t’armer et te rendre fort.

 

T’apaiser, te choyer, te guérir.

Ton avenir je voudrais adoucir.

De tout mon cœur t’encourager

Pour que tu cesses de pleurer.

 

Il faut essayer de soulager

Ces enfants, les rassurer

Quand ils se retrouvent isolés

Et sans personne à qui se confier.

GENRE
Souvent dans les couloirs
Ils tâchaient de savoir
Pourquoi mes idées noires,
Mon profond désespoir ?

Quand ils m’interrogeaient
Je tentais de biaiser,
Mais au fond je savais
Comme ils me méprisaient.

Dans la cour du bahut
Et à jets continus
Une joyeuse cohue
Cherchait ma mise à nu.

Les insultes, la haine
Qui soudain se déchaînent,
Des injures qui s’enchaînent,
Racines de ma peine.

Certains pour se moquer
Me ridiculisaient.
Tous me condamnaient,
Personne n’est parfait.

Ils n’avaient pas idée
Du calvaire enduré,
Mais comment leurs avouer
Que mon genre, j’ignorais ?

Etais-je fille ou garçon
C’est une vraie question.
Oui je jouais au ballon
Mais est-ce une raison ?

Bien sûr je les enviais
D’être déterminés
Mais quand ils ricanaient
J’avais le cœur brisé.

Pouvais-je les dénoncer
Me sentant harcelé ?
On les auraient blâmés.
J’ai choisi de voler.

Maman pardonne moi,
Surtout ne m’en veux pas
Mais bafoué tant de fois
Je serai mieux là-bas.

 

IRANIENNES

 

Vous avez coupés vos cheveux

Un réflexe dangereux.

Vous avez brulé le tchador

Et c’est encore plus fort !

 

Votre sang coule sur le pavé.

Sur vous ils ont tirés

Car vous avez refusé

Le voile qui vous dissimulait.

 

En secret vos cœurs grondaient.

Pouvait-on imaginer

A quelle point vous souffriez

D’être privées de liberté.

 

Vous vous êtes rebiffées

Votre colère a éclaté,

Des balles vous ont fauchées

Pour avoir osé revendiquer.

 

Nous sous-estimions votre rage

Et nous saluons votre courage

A sortir de la peur, de l’ombre,

A mourir aux yeux du monde.

 

Médusés, nous avons regardé

Les fusils vous mitrailler.

Un élan de peine et solidarité

En nous s’est enfin éveillé.

 

Que faire pour vous aider

Femmes d’Iran qui luttez

Pour obtenir la faculté

D’étudier et de travailler ?

 

Peut-on nous-même envisager

D’avoir un jour à batailler

Pour un droit autrefois accordé

Qui nous serait confisqué.

HARCELEMENT
Parce que je suis coquet
Ils disent que je suis gay.
J’aime me pomponner,
Ils me traitent de PD.
Ainsi des écoliers
Cherchent à me rabaisser
Mon égo écorcher,
Et mon âme blesser.
Brimades et vexations
Chaque récréation,
Harcèlement soutenu
Qui peu à peu me tue.
J’entends leurs hurlements
Car ils crient tout le temps
Je ne sais pas comment
Arrêter ces moments
Et avec le portable
Le soir ils continuent.
Ça m’est insupportable
Je n’en vois pas l’issue.
Chaque fois qu’ils assènent
Les torrents de la haine
Ça me fait tant de peine
J’ai le cœur qui saigne.
Je voudrais du silence,
Faire taire les offenses.
Dire non à la violence,
Mais j’ai perdu confiance.
Au début j’ignorais
Le mal qu’ils me faisaient
De plus en plus brisé
Leur tyrannie m’a tué.
Je vais me retirer
Vous l’aurez bien cherché.
Vous allez regretter,
Me plaindre et m’enterrer.

IMMOLEE
La cloche a sonné
C’est l’heure de rentrer.
Tu rejoins ta classe,
Les élèves jacassent.
Tu veux le silence
Pas l’exubérance.
Tu dois enseigner
Et aimes ton métier.
Soudain agressée
D’un couteau blessée,
Ton sang a coulé,
Ton corps transpercé.
Un adolescent
Presque encore enfant
T’a exécutée
Sait-t-il ce qu’il fait ?
Il dit qu’il entend
Des ordres pressants
L’intimant de tuer.
La vie t’a ôtée !
Destin foudroyant,
Gestes affligeants
Dont des innocents
Sont les grands perdants.
On leur prend la vie
Et l’on est meurtri,
Touché, bouleversé
Par ces morts, frappé !
Il faut condamner
Ces jeunes meurtriers,
Eviter qu’ils ciblent
De nouvelles victimes.
Au nom de la vie
Dans notre pays,
Pouvoir protéger
Les administrés.

BRASIERS
Un pays embrasé
Flambe la nuit tombée.
Déchainés émeutiers,
Brûlent villes et quartiers.
Une réforme mal menée,
Surtout pas clarifiée.
Un 49,3 risqué,
Qui fut bien assumé.
Le peuple perturbé
En deux est divisé.
Certains se sont fâchés
Se perçoivent ignorés.
Ils sont mobilisés,
Tiennent à revendiquer,
Tentent de rediscuter.
Ils comptent bien résister.
S’ils veulent travailler,
Ils souhaitent maîtriser
Les années à trimer
Avant d’être épuisés.
D’autres se disent mal payés.
Se sentent abandonnés.
Se prétendent humiliés,
Trahis ou méprisés.
Le jour en défilés
Ils vont manifester,
Leur colère relayée
Dans les journaux télé.
Face aux privilégiés,
Profits démesurés,
Nantis pourtant gâtés
Qui n’ont jamais assez.
Professions ulcérées
Mais violence condamnée.
Incendies et brasiers
N’ont jamais rien réglés.

EMBRASE
Un pays embrasé
Flambe la nuit tombée.
Déchainés émeutiers,
Brûlent villes et quartiers.
Une réforme mal menée,
Surtout pas clarifiée.
Un 49,3 risqué,
Qui fut bien assumé.
Le peuple perturbé
En deux est divisé.
Certains se sont lâchés
Se sentant ignorés.
Ils sont mobilisés,
Tiennent à revendiquer,
Tentent de rediscuter.
Ils comptent bien résister.
Ils veulent bien travailler,
Pourtant souhaitent maîtriser
Les années à trimer
Avant d’être épuisés.
D’autres se disent mal payé.
Se sentent abandonnés.
Se prétendent humiliés,
Trahis ou méprisés.
Le jour en défilés
Ils vont manifester,
Leur colère relayée
Dans les journaux télé.
Face aux privilégiés,
Profits démesurés,
Nantis pourtant gâtés
Qui n’ont jamais assez.
Professions ulcérées
Mais violence condamnée.
Incendies et brassiers
N’ont jamais rien réglés.

DEBORDEMENTS
Comment tranquilliser
Un pays divisé,
Et ainsi qualifier
Les excès constatés.
La colère montée,
Le pavé embrasé,
Manifestants blessés,
Policiers agressés.
Lorsque la rue s’enflamme
Des hommes déchainés,
Casseurs sans état d’âme,
Se mettent à débouler.
Black-blocks cagoulés,
Véhicules brûlés,
Poubelles incendiées,
Monuments sacrifiés.
Pouvoir foulé au pied
Du droit de défiler,
Passants désorientés,
Touristes terrifiés.
Commerçants effrayés
Qui ferment leurs volets.
Ils craignent que ça dure
Tremblent pour leur devanture.
Un peuple égaré
Dans les hostilités.
Une brutalité
Largement condamné.
Forces de l’ordre débordés,
Ils ne sont pas assez.
Pourquoi cette violence,
A-t- elle seulement un sens ?
De l’agressivité
On n’a rien à gagner.
Comment la maîtriser
Et retrouver la paix.

EN SECRET

 

J’accepte tout

Et comme un fou

Je veux bien tout te donner,

 

Si tu es prêt

A concéder,

Acquiesce de me jurer,

 

Si tu promets

De confesser

Et ne jamais oublier.

 

Tous ces instants

Tous ces moments

Evénements partagés

 

Tu voudras bien

Tel un butin

A jamais les consigner.

 

Tu inscriras

Retranscriras

Nos plaisirs indiscrets,

 

Dans un carnet

Dissimilé,

Qui sera tenu secret.

 

A chaque page

Même dans la marge

Et pour l’immortaliser,

 

Tu avoueras

Reconnaitras

Comme nous nous sommes aimés.

LE BILLET

 

Sur les collines du verbe

A la recherche de mots

L’écrivain traque et cerne,

Démêle les vrais des faux.

 

Pour délivrer son message,

Le transmettre, qu’il soit beau,

Il doit choisir son langage,

Ne pas abuser d’argot.

 

L’auteur donne son avis

Et ses visions sur la vie.

Si ce sont des mots d’esprit,

Ils doivent être bien sentis.

 

S’ils sont figés dans un pli

Contenant plaisanteries,

Devancer la répartie

Devra être un parti pris.

 

Et s’il s’agit d’un discours

Prévoir de le faire court.

Gare en prenant la parole

Que l’attention ne s’envole.

 

Concentrer en peu de phrases

Sera un meilleur adage,

Les coucher dans un écrit

Car un texte se relit.

 

Lettre ou charmant billet

Où est fixée la pensée

Rassemblée dans la missive,

Est loin d’être une sottise.

LE PRINTEMPS

 

Le soleil darde ses rayons

Perce la brume à l’horizon,

C’est pour lui la meilleure façon

D’annoncer la belle saison.

 

La vie reprend dans le vallon,

Soudain le merle et le pinson

Sifflent de nouvelles chansons.

Ils racontent que l’hiver fut long.

 

La nature hier en bourgeons

Offre des fleurs, l’explosion.

Le renouveau des plantations,

Réclame toute notre attention.

 

Amis sortons de nos maisons

Et à plein poumons respirons.

Reprenons nos expéditions

En insolites tourbillons.

 

Goûtons nos propres sensations,

Redécouvrons l’émanation

Des fragrances qui par millions

Embaument en déflagration.

 

Chacun aura sa perception

En fonction de ses impressions.

Il forgera des connexions

Et fera le plein d’émotion.

 

Avant que vienne la moisson,

Vivons la manifestation

Du printemps et de sa mission,

Aimons à perdre la raison.

MISE A MORT

 

La main sur le visage

Elle essuie une larme

Elle veut plier bagage

Et déposer les armes.

C’est la fin du voyage

Qui se termine en drame.

 

Elle avait tout donné

Jeunesse, virginité.

Il souhaitait partager

Amour, fidélité

Quand ils se sont mariés.

Comment l’imaginer 

 

La dureté des sanctions,

Les fréquentes punitions,

Muni d’un ceinturon,

Exigeant soumission,

Sommait domination,

Puis demandait pardon.

 

Le corps couvert de bleus

Elle l’excusait un peu

Et faisait de son mieux,

Voulait le rendre heureux.

Mais cet être furieux

Devenait dangereux.

 

Elle avait des enfants

Pour eux serrait les dents.

Elle n’avait ni argent

Ni revenu suffisant

Pour un soulèvement

Ou un affrontement.

 

Aura-t-il du remord

Alors qu’elle l’implore,

Sa femme, son trésor

Malgré leurs désaccords

Pourtant l’aimait encore.

Il l’a battu à mort.

PRISONNIER

 

Le corps emprisonné

Près de fils barbelés,

Tu fixes, fatigué

Vers où tu veux aller.

 

Muré dans un silence

Qui prouve ton absence,

Ton visage est marqué

Mais tu veux batailler.

 

Ton regard reste fier,

Tes yeux sont grands ouverts

Sur toute la misère

Qui menace notre terre.

 

Car tu as tant souffert

Et a connu l’enfer

Cloué dans la prison

Enfermé pour de bon.

 

Ton espoir n’est pas mort

Tu as vaincu le sort

Et toujours tu espères

Retrouver la lumière.

REPRESSION

 

Il défendait ses convictions,

Luttait contre la corruption.

Il a échappé au poison,

Connu une résurrection.

 

Après une réanimation,

Grâce à sa femme, l’intervention,

Il obtint une libération

Et une courte rémission.

 

Infaillible détermination,

Fidélité à sa nation

Sans principe de précaution,

Menèrent à son arrestation.

 

Il clamait son opposition

Et il refusait le bâillon.

Ferme sur ses positions

Se déclarait en rébellion

 

Dénonçant la situation

Dans son pays, les pressions,

Il mettait en accusation

La présente domination.

 

Une lourde condamnation

A bien des années de prison,

N’entamait pas son ambition

A de futures élections.

 

Sa terrible disparition,

Cette intolérable sanction,

Provoque notre indignation

Par son horrible conclusion.

LES VIEILLARDS

 

Ce sont des Êtres chers,

Qui ont connus des guerres.

Ils ont beaucoup souffert,

Même perçu l’enfer

D’innocents qu’on enterre

A quatre pieds sous terre.

 

Eux, ils ont survécus

Sans s’en être aperçu,

Dans un monde dissolu

En un temps révolu,

Toujours convaincus

De vivre l’absolu.

 

Ils ont dans le regard

Un passé de vieillard,

Ont enfoui leur histoire

Inscrite dans le grimoire

Tapis de leur mémoire,

Comme dans un tiroir.

 

Ils n’ont plus guère d’amis

Un à un endormi.

Ils se sont évanouis

Peut-être au paradis,

Et quand ils l’ont appris,

Ont tristement sourit.

 

Ont-ils des souvenirs

Impossibles à décrire ?

Et ont-ils des désirs

Concernant l’avenir ?

Quel serait leur plaisir ?

Attendent-ils de partir ?

 

Ils n’ont plus d’auditoire

Au fond de leur mouroir,

Leur vie est sans gloire.

Auront-ils le pouvoir

De nous dire aurevoir

Sans presque s’émouvoir ?

 

Car cette échappatoire

Sera leur victoire,

Nos larmes, nos mouchoirs

Sembleront illusoires

Face à leur désespoir,

A l’heure de dire bonsoir.

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