
les poèmes de Thomas:
- Solitude
- Portait de l'assassin
- Perdition
- Paysage d'hiver
- Paradis perdu
- La fille au chagrin
- La cueilleuse
- Douce langueur
- Bain de Minuit
- Anthropocène
- Porte entrebâillée
- Tout d'abord
Thomas Beamonte
Entiché d'écriture, je suis avec humilité mon petit bonhomme de chemin en ayant l'espoir un jour de publier un recueil ou d'autres nouvelles. Même-si le quotidien et ses tracas
m'a souvent tenu à l'écart de ma passion, me voici après tant d'années à reprendre la plume comme si j'avais vingt ans. Et, qui sait, si le bonheur ne tient pas à quelques vers près.
Porte entrebâillée
Mais par où commencer ?
Cette ouverture
Le simple écart
D'un courant d'air
Sentir le vent
Loin du temps
Par la fraîcheur apaisante
Compter les pétales
Des découpures imprécises
Guetter le moindre son
La clameur soudaine
Un froissement d'ailes
Attraper chaque détail
L'odeur du café moulu
Des barreaux sciés
Le fracas d'une mobylette
A n'en plus finir
La grâce du vide
Un silence
Encore des bruits
Tes pas
Et je reviens d'un long détour
Tout d'abord
Le bruit sourd
Du décor
Contre-jour
Au comptoir
Juste un verre
En miroir
Tes yeux verts
Anthropocène
Tandis que l'heure avance
J'aurais bien voulu
M'ensabler en bord de mer
Être ce galet strié
Pour mieux m'accepter
Tel un géologue qui s'ignore
À humer les parfums
Dans la roche sédimentaire
Extraire le sel marin
Quand survient la marée basse
Sentir le vent éroder le littoral
Et puis attendre l'épilogue
Conséquences industrieuses
De l'élévation des eaux
Paradis perdu
Depuis le plafond blanc
L'ampoule nue
Un œil sous verre
Un autre dans les airs
Contemple le monde
Du chaos à l'espace
Mince comme un fil
Paysage d'hiver
La ville était glacée
Et des toits tous blanchis
Une foule bruyante
Les corbeaux croassaient
La ville était transie
Avec pour seul passant
Le livreur de charbon
Sous son grand habit noir
La ville était figée
Dans un ciel aussi bas
Qu'aucun nuage gris
N'eût pas osé bouger
Perdition
Ton absence brutale
A jeté dans la nuit
Les soucis éveillés
Gisant sur le parquet
Et cette pluie sans fin
L'amer eut ravalé
Toutes rides dehors
Mon âme détrempée
Bain de Minuit
Sur le flanc d'une plage
Dans la lumière pâle
Une psyché lunaire
Tout près des rochers noirs
Les reflets argentés
À tes yeux maritimes
Des filets d'une robe
Pointe de seins laiteux
La blancheur défendue
Douce langueur
Perché sur un muret
Qui porte sa superbe
Un chat attend la main
Délivrant des délices
À l'affut du chaland
Ce mendiant lascif
Lance ses yeux bleutés
Dès l'invite d'un pas
N'ayant meilleur jouet
L'animal se prélasse
Jusqu'au retour prévu
De son adoratrice
Portrait de l'assassin
Le corps nu était froid
Sous un regard gêné
De l'inspecteur pensif
Pour la veuve éplorée
Le corps nu était froid
Des objets renversés
Un couteau mal rangé
Il se faisait fort tard
Le corps nu était froid
Mais pourquoi réfuter
Que faisiez-vous alors
Au moment du délit ?
La cueilleuse
Avant que les nuages
Blessent la clarté jaune
Des mimosas sauvages
Tout juste parfumés
Une vieille femme
Fagotée en guenilles
Que la grande misère
N'a cessé d'embrasser
Ses mains cornées s'agitent
Autour de chaque branche
Où fleurit l'or perdu
Et le miel du soleil
La fille au chagrin
Quelques gouttes de pluie
Sous ton ombrelle bleue
A quoi bon se cacher
Du soleil tout l'été
Si c'était pour pleurer
Tel souvenir des lèvres
Le long d'un quai désert
Solitude
L'astre blanc s’est posé
Sur la rive endormie
Le murmure du vent
Aux arbres silencieux
Des nuances d'étoiles
Pour un ciel sans nuage
Laisser aller les rêves
Et l'odeur de l'été
L'envolée d'un colvert
Dans l’horizon placide
Et le long de la grève
Des feuilles sont tombées