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Claire… que fais-tu là encore ?

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Claire ! Que fais-tu là, plantée dans ce décor

Sur ce bout de Bretagne, dans un petit port,

Sur le quai de ce débarcadère désert,

À patienter, que du loin, vienne la lumière ?

 

Le regard, planté au-delà d’un horizon,

Tu suis encore cette vieille embarcation,

Avec ton marin, pour des semaines au moins,

Disparu dans un monde inconnu, bien trop loin.

 

Claire ! Que fais-tu seule sur ce quai du port ?

Il est parti et reviendra peut-être encore.

L’horizon est vide, tu agites ta main,

Le regard égaré vers un autre destin.

 

Tu perds ce beau sourire qui l’avait conquis

Jusqu’à ce que pointe, l’étrave des envies.

Tu viendras tous les matins pleurer ce destin

Incertain des jeunes épouses de marins.

Tu crains que cette vile mer, vieille maitresse,

N’agite son courroux pour qu’il disparaisse

Dans le monde irréel des sirènes félonnes,

Quand déjà, le glas du vieux clocheton résonne.

 

Tes douleurs sont ancrées sur un bout de ce quai,

Tes douleurs sont encrées sur ce bout de papier.

Dans ce bout du monde, il y a plus, en chagrin,

De jeunes veuves que de retraités marins.

 

Et si même demain, il revient pour toujours,

Tu reviendras tout de même ici, chaque jour,

Tes deux garçons ont aussi épousé la mer

Et ils partiront pour des semaines entières.

 

Des jeunes femmes, des mamans n’ont pas le choix

Au pied de ce vieux christ oxydé sur la croix,

Entre le sourire annonçant la présence,

Et de vives douleurs dès qu’approche l’absence.

 

Les larmes de mer brûlent au profond tes yeux,

Tu vis avec la mort presque à mi-temps au mieux,

Sans te plaindre, en sincère résignation,

En femme en mère dans des nuits de moussaillon.

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