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Adultère… ou pas Claire.

 

Tu avais vingt ans dans ce loin passé,

Lors d’une rencontre trop arrosée,

Tu perdis ta vertu sans la donner

En câlins sans intérêt, chiffonnés.

Certains que je ne fus, d’amour, rêvé 

Mais bien moins faux que pour le crucifié.

Un accident comme on dit poliment,

Puis, je crûs dans ton ventre patiemment,

Et nous nous sommes enfin rencontrées,

Après neuf longs mois… mais, tu m’attendais.

 

Depuis que ma mémoire se souvient,

J’ai toujours dormi dans tes draps satin.

Tu t’y allongeais toujours dénudée,

Gamine, un pyjama m’habillait.

J’ai toujours connu ces nuits de tendresse

Blottie sur le sein que le noir caresse.

Nulle autre personne en ces draps, s’est glissé,

À croire, qu’aucune ne t’intéressait,

Tu me protégeais, ton corps comme écrin,

La douceur de ta peau comme destin.

Tu m’as comblée de l’amour d’une mère,

Puis… la tendresse devint adultère,

Bien entendu, pas en une journée,

Le sein qui nourrit, un jour, se durcit.

Puis tout glissa, le tabou estompé,

Tel Électre, maman, je caressais.

Le baiser devint sensuel pour plaisir

La caresse intime pour le désir.

Je fus moi et il n’y eut plus que moi,

Enlacée, coincée entre tes grands bras.

 

Plus jeune, tes caresses, tes baisers,

Je pensais normaux, leurs sucrés effets.

Je compris vite, dans l’adolescence,

Que d’autres ne vivaient ces suffisances.

Je trouvais la situation agréable

Même si cela était condamnable,

Surtout pour ces cul-bénis dépravés.

Je m’enfermais dans nos petits secrets

Matant les autres, ne les enviant,

Souriant aux reproches offensants.

Puis, tu devins l’amante attentionnée,

Indispensable être à ma destinée,

Tu fus le sang coulant en mes artères.

Personne ne distinguait l’adultère,

Personne, d’ailleurs, ne venait ici,

Plus de famille, ni plus un ami,

À peine quelques voisins pas curieux

Rien que toi et moi, seules sous nos cieux.

Il faut dire qu’ici, c’est le désert,

Monde planté au mi de l’univers.

 

C’est un gouffre au fond d’une mémoire

À la campagne, plongée dans le noir,

Quand même dans le jour, nul ne peut voir

Les sentiments traînant dans le regard.

On s’est tout donné, ne s’est rien caché

Sous des draps usés guère bien épais.

Les jours furent pareils à chaque année,

Maintenant, je suis devenu âgée

Te protégeant comme un cadeau des dieux,

En écrin d’amour caché dans nos yeux.

Depuis bien longtemps, tu n’es plus ma mère

Un plaisir quiet, même plus adultère.

Je ne sais pas comme on dit que je t’aime,

Et pourtant, il est bien vrai que je t’aime

Comme on aime une amante sincère

Mais plus comme une maman bien trop fière.

À tes cent ans, nous levons nos verres,

Comme un couple fête un anniversaire,

Mes yeux usés sont plantés dans les tiens,

Et ta main caresse toujours ma main.

 

Et si cela est contre ce qu’en pensent

Les personnes vivant de suffisance,

Je n’en ai que faire, j’eus plus de plaisir

Que leur bourgeoise frustrée n’en désire.

Ils n’en savent rien bien heureusement,

Ils nous crucifieraient ainsi vivants,

Quand des cathos, aux dieux obéissants,

Recèlent le creux de leur fondement

À un mari bien trop entreprenant.

Ce qui ne se voit pas… ne se comprend.

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