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Claire de la rue.

Claire, Claire !
Qu’as-tu fait pour que chacun t’abandonne là ?
Je te retrouve enfin après de si longs mois,
Je savais que tu existais, sans te connaître,
Mais pas où tu dormais, ni sous quelle fenêtre.

Claire, Claire !
Je te rencontre sur ce banc, agonisante...
La passante te fuit sans regard, arrogante,
Elle s’enfonce plus vite, plus loin dans le noir.
Elle ignore ton mal dans le sombre du soir.

Claire, Claire !
Qu’as-tu fait pour que chacun t’abandonne ici ?
Tu vas mourir seule et oubliée en cette nuit,
Recouverte de la honte qui te tient froid.
Sans un seul bruit, même sans un son de ta voix.

Claire, Claire !
Qu’as-tu fait pour que chacun t’abandonne ici ?
Je te tiens une main trop blanche, refroidie

 

D’un sang qui a fui depuis bien longtemps déjà,
Ton regard est clos, toi qui n’habite que là.

Claire, Claire !
C’est ce que tu mérites, après tant de temps,
Tu n’as fait que de t’occuper de tes enfants,
Ils sont en azur quand tu as perdu ton toit,
C’est bien plus important qu’une mère, tu vois.

Claire, Claire !
Tu meures dans le froid ! Du cœur d’autres mamans,
Nul ne connaît cette dame de cinquante ans
Qui a honte de demander à se nourrir,
Qui ne veut pas leur montrer qu’elle va mourir.

Claire, Claire !
Tu ne veux pas montrer que tu vas t’évanouir
Pour des enfants que tu n’as cessés de chérir,
Et qui t’ont oubliée dans de mauvais souvenirs,
Il est vrai qu’il n’y a pas de quoi en sourire.

 

Claire, Claire !

Tu les as trop aimés, c’est le prix à payer,
Ces ingrats trop imbus t’ont toujours négligée.
Ils sont trop aveugles pour enfin reconnaître
Les dettes envers celle qui les a fait naître.

Peau d’âme, peau d’âme !
Si un jour, tu croises une trop vieille dame
Sur un trottoir maculé par bien d’autres drames,
écoute bien la voix muette de cette femme !
Elle mérite que tu lui dises : ''Madame’’.

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