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Claire voltigeuse.

 

— Dis Claire, il te faudra bien lever le pied !

Ton état ne va surtout pas s’améliorer.

Cela ne peut durer, tu attends, tu attends…

Mais rien, rien ne s’arrangera avec le temps.

 

— Grégoire, tu es bien pressé de me jeter,

Bien pressé que j’arrête de me balancer.

Je comprends bien que tout là-haut, sur le trapèze,

Les kilos que je prends, bien lourds sur tes bras, pèsent.

 

— Enfin de ta part, un peu de lucidité !

Il faut réfléchir bientôt à te remplacer.

Il faut bien, ce tout petit problème, régler

Trouver une partenaire sachant voler.

 

— Quand tu dis cela, je sais bien à qui tu penses

À ma sœur qui voltige au cirque de Florence.

Il y a bien longtemps que tu songes à elle,

Ce n’est pas aisé de céder à ma jumelle.

— Tu n’es pas ma compagne, ni ma dulcinée,

Et ta sœur est la seule qui puisse assumer.

Notre numéro est le plus spectaculaire,

Et elle, ta sœur, elle saura bien le faire.

 

— Je sais que ce bébé, qui va venir, Grégoire,

Sonnera le glas de la fin de notre histoire.

Je ne retrouverai un porteur aussi doué

Et je peux dire adieu à ce ciel étoilé.

 

— Ce chérubin, tu l’as espéré si longtemps,

Il faut assumer sa naissance maintenant.

Comme compagnon, tu ne m’as pas accepté,

Tu as choisi un vivant de l’autre côté.

 

— J’ai fait le choix d’un compagnon de certitude,

Quand était bien indécise ton attitude.

Elle t’arrange bien en fait cette grossesse,

Elle t’a évité d’engager des promesses.

 

— Toujours à me reprocher de t’avoir trompé !

Certes avec ta sœur, mais c’est un loin passé,

Une fois, une seule fois c’est arrivé,

En fait, tu ne me l’auras jamais pardonné.

— Comment veux-tu pardonner un acte si odieux ?

Alors que je pensais à un amour heureux,

Tu n’auras vraiment rien compris mon pauvre ami

Il fallait y penser avant que je le vis.

 

— Tu crois qu’elle pourra se libérer bientôt ?

Ce serait bien qu’elle soit ici au plus tôt.

Il y a quelques entraînements à parfaire,

Tel le double salto en double vrille arrière.

 

— Tu te moques de moi ! Je suis presque certaine

Qu’elle t’a dit oui pour une proche semaine.

Je ne veux plus la voir, ni demain, ni plus tard.

J’espère que tu m’éviteras la revoir.

 

— Bien ! Tu le prends ainsi, elle arrive mardi !

Tu comprends bien que je ne peux stopper ma vie,

Car ma partenaire, une autre vie, a choisi,

Pour me laisser seul là-haut avec mes soucis.

 

— Tu es un vrai saligaud et je m’en doutais,

Puisque c’est ainsi, ce midi, je partirai.

Seul, ce soir et toute la fin de la semaine,

Tu pourras te balancer aux bouts de tes chaînes.

— Ce n’est pas bien propre cette attitude-là,

Cela te révèle et ça ne me surprend pas.

Quand, aux gens du cirque, je vais annoncer ça,

Je vais prendre un gros coup de canif au contrat.

 

— Grégoire ! Quand on prend plaisir à l’adultère,

Il ne faut pas s’étonner, du ciel, les colères.

Tu peux te plaindre et gémir et crier maintenant,

Je te salue et pars définitivement.

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