Claire !
Que fais-tu là, Claire ?
Recroquevillée sur le canapé usé,
La maison paraît bien trop dimensionnée
Pour une personne seule et ici oubliée !
Tu allumes une clope, l’autre écrasée,
Vois le cendrier comme il est plein à déborder !
Il fait de nouveau jour, hier est enfin passé,
Et toi le sommeil, tu n’as encore trouvé,
Comme hier et comme bien d’autres jours passés.
Que fais-tu là, Claire ?
Il est parti vers une autre femme rêver,
Il rit peut-être quand toi, tu restes pleurer.
Ta fille partage ce bonheur aujourd’hui,
Quand coulent des larmes dans ton regard flétri,
Quand tu vois s’enténébrer tes prochaines heures.
Cette grande maison bâtie pour le bonheur
Est triste et laide à mourir quand il n’y transpire
Que des pleurs acides et des violents soupirs.
Que fais-tu là, Claire ?
Tu as torché plus d’une bouteille de gin,
Tu allumes un bout de ce cancer nicotine,
La fumée, en volutes crachotées, dessine
Toutes les incompréhensions vides d’estime.
Il n’y a plus du tout de bruit à l’intérieur
Et dehors, plus personne ne sait que tu pleures.
Dans ce silence volubile de ce printemps
Aucun n’imagine que tu souffres autant.
Que fais-tu là, Claire ?
Il reviendra là pourtant, peut-être demain,
Pour quelques frusques qu’il aurait oubliées en vain.
Il te saluera, tu tenteras de glisser,
Un baiser, de la joue tendue aux lèvres gercées,
Les tiennes pas bien mieux qu’il voudrait bien oublier.
Tu espères qu’il caresse tes bajoues fripées
Pour glisser encore en des draps froids et défaits.
Mais il repartira pour aussitôt t’oublier.
Que fais-tu là, Claire ?
Tes pensées s’égarent, elles ne sont plus saines
Elles sont éparpillées sans doute bien vaines.
D’autres amies ont vécu ces mêmes instants,
Tu ne pensais pas qu’on pouvait souffrir autant
Elles se moquent bien de tes tourments aussi.
La maison est à vendre, la roue tourne ainsi !
Les bons souvenirs dans ces murs resteront,
Les moins bons, longtemps encore, te suivront.
Que fais-tu là, Claire ?
Il est parti vers une autre femme rêver,
Il rit peut-être quand toi, tu restes pleurer.
Tu as torché plus d’une bouteille de gin
Tu allumes un bout de ce cancer nicotine,
Tu l’allumes et l’autre est à peine écrasée,
Vois le cendrier comme il est plein à déborder !
Il n’y a plus du tout de bruit à l’intérieur
Et dehors plus personne n’ouït que tu pleures.