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Quentin au chevet de Claire.

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— Bonjour jeune homme ! Je pense… votre maman,

Votre maman vous attend depuis un moment.

— Oui… ce n’est pas ma mère, ma compagne en fait !

Je suis un peu en retard, je me suis paumé.

 

L’infirmière tombait sur le cul !  Déroutée !

Déjà qu’elle pensait une maman âgée

Qui avait dû enfanter bien tard ce gamin

Un retour d’affection imprévu d’un demain.

 

Il semblait juvénile, encore boutonneux

Elle, sans doute près du repos de plus vieux.

Elle avait encore un charme et toujours jolie

Mais, certaines rides ne trompent pas la vie.

 

Il y avait presque quelque chose d’irréel

À voir ce jeune homme simple, tout près d’elle,

L’embrasser d’un baiser d’une ardeur langoureuse,

D’habitude pour de plus jeunes amoureuses.

Quentin, naturel, n’avait pas de retenue

Pour dévoiler ses sentiments non contenus,

Que ça gêne ou pas les langues bien pendues.

Hors la bonne morale, rien n’est défendu.

 

Il n’était un gigolo ni un être infâme

Il aimait d’un amour sincère cette femme.

Cet homme ne voyait pas sa petite dame

Comme la voyaient bien d’autres sans âme.

 

Claire retrouvait un franc profond sourire,

Arraché au doute sur le proche avenir,

On ne peut vivre encore de sérénité

Sans se poser question sur la fidélité.

 

Que faut-il penser, si penser est nécessaire,

D’une histoire d’amour hors des barrières ?

Nombre de croyants et nombre de bien-pensants

N’aiment et ne respectent pas leur mie autant.

 Et puis, ce n’était qu’un petit jeu de conquête !

Un simple petit jeu de séduction peut-être

Qui ne perdurerait pourtant pas bien longtemps,

Pour un peu d’émotion, pour croquer du piment.

 

Il était certes âgé, mais réellement charmant,

Bien plus intéressant que ces autres amants

Qui pensaient bien moins aux sentiments, qu’à ses fesses.

La sincérité côtoyait bien la tendresse.

 

Les premières semaines n’étaient pas faciles.

Nul n’admettrait que cette fille si docile,

Trop jeune, qui se dit, fréquente un vieux monsieur

Si âgé qu’il aurait pu être un de ses aïeux.

 

Il fallait bien se cacher, ils n’auraient compris,

Personne ne l’accepte, toujours aujourd’hui.

Il y eut ces caresses au fond d’une auto

Puis les draps, d’un hôtel pas regardant.

 

Puis un jour, elle installa une indépendance

Et reçut à souhait son amour en décence

Pour partager son corps sans aucune retenue

Quand les volets sont clos, la vérité est nue.

Sans que personne ne perçut quoi que ce soit

Sans que quelqu’un ne parle de ce qu’il ne voit.

Nul ne dérangea ce couple plus que discret

Au bout d’un chemin perdu, presque égaré.

 

Pour un amour interdit, privé de lumière,

Le bonheur se mesure-t-il en temps, en hier,

En nombre de proches ou en toute autre chose ?

Non ! Le bonheur se vit fort, même en prison rose.

 

Claire, sous une bien dense averse d’hiver,

Ce soir, accompagne son amour centenaire,

Le menant vers une terre inhospitalière,

Là où on oublie les morts… dans des déjà hier.

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