Le vide de l'instant.
Dans une épaisse brume, le réveil se fait.
Dans un coton moelleux, le regard égaré
Manque de chaleur, les mots sont ici absents,
Seules des impressions sont nouvelles pourtant.
Elles dérangent l'instant bien sérieusement,
Un vide en ‘la’ mineur s'étouffe dans le temps,
Par le manque de lumière et de bruissement.
Le ciel est plus haut qu'en l'église de Clinchamps,
Les murs sont bien plus loin qu'une sincérité,
Je suis nu dans ce monde vide de concret.
Pourtant, il me semble bien qu'avant de sombrer
Je n'étais si seul et pas encore isolé.
Il me semblait bien qu'auparavant, je pensais
J'éprouvais et là, le vide je ressentais.
Le vide d'un matin refoulé a jeté
Son dévolu sur une âme nue esseulée.
J'écris mes maux, pourtant sans encrier,
L'encre sèche, vide de mots, sur un papier,
Je peux lire malgré tout cet inexistant
Et cela ne m'est pas du tout réconfortant.
Les draps froissés sont plus froids qu'un linceul trop blanc,
Pourtant, il semble que je suis toujours vivant.
Je pense encor, une lueur dans le carafon,
Le puits de la connaissance a perdu son fond,
Il pisse des ambiguïtés un peu partout
Je ne vois vraiment rien de rassurant du tout,
Ni sourire ni une ombre se dessiner.
Je suis, au milieu de mon moi, un peu paumé
Je cherche, sans émoi, à quoi me raccrocher.
Mais putain, c'est quoi ! Un cauchemar écorché !
Un vieux rêve pas très frais que j'aurais oublié,
Une ville histoire qui ne serait terminée.
Je n'ose sortir des draps, l'air semble trop frais
Je ne suis pas certain qu'il y ait un plancher
Pour poser un pied, le vide, là aussi, est.
Je n'ai pourtant pas la faculté de voler,
Ni celui de me suspendre à un temps passé
Comme à une horloge sans coucou étêté
Qui voit ses aiguilles refuser de tourner,
Figée dans un temps qui n'aurait pas existé.
Où est donc la couleur, la chaleur d'une main
La vie d'un autre, d'un cher vieil ami humain ?
C'est quoi cette histoire qui ne raconte rien
C'est quoi ce vide qui m'isole du demain.
Je pense voir une porte, au loin, s'entrouvrir,
Une porte sans mur, pas besoin de l'ouvrir,
Tu en fais le tour pour encor là revenir,
Peut-être un message, le début d'un sourire.
Je clenche délicatement le désespoir,
Entrouvre avec douceur le battant sans rien voir.
Ah si ! De l'autre bord, il y a ma mémoire !
En vrac là, comme un sac de frusques pour clochard.
Mais qu'est-ce que cela signifie-t-il enfin ?
Je ne mérite cette chanson sans refrain !
Je claque la porte et retourne dans le noir,
Déchausse ces pompes lourdes de désespoir,
Je retourne glisser l'asthénie sous ces draps
Je ne veux regarder ce que je ne vois pas.
Je patienterai qu'un autre bon moment vienne
Réveiller des souvenirs qui plus me conviennent.
Ne vous inquiétez si vous ne me rencontrez,
Au milieu de nulle part, je me suis planté,
Ni mort encore, mais plus tout à fait vivant.