top of page
les amours interdits
delaisses-urbains-3-L-1.jpeg

Je suis là,

 

Sis sur un siège sans pied, sans dossier,

Dans un terminus oublié, sur un quai,

Proche de voie sans rail…vide de train.

Sous un hall planté au mi d’un destin.

 

Je suis là,

À te patienter et à espérer

Ne pas te voir descendre sur le quai,

De cet omnibus qui n’est jamais venu

Utopie, d’une raison qui l’a cru.

 

Je suis là,

Du matin frisquet jusqu’au soir discret

Du soir pressé jusqu’au matin secret.

Mais reste-t-il encore des matins

Sur le quai d’une gare… sans un train ?

Je suis ici,

À patienter, que tu ne sois pas là,

Que de ce train, tu ne descendes pas.

Jamais, tu ne viendras à la gare,

Pourquoi y serais-tu donc en retard ?

J’attendrai,

Hier, je crois, un chien est venu,

Egaré peut-être, même perdu,

Il a juste uriné sur un pied du siège,

Sans même voler une caresse.

 

Je suis là,

À épier, je ne me trompe, certain

De ne faire méprise sur le train,

De ne faire méprise sur le jour,

De ne me tromper… d’histoire d’amour.

 

Je suis là,

Je pourrais être à l’autre bout du quai,

Je pourrais être sur l’autre opposé,

Près de la voie qui mène nulle part,

Qu’importe, il n’y a plus de hasard.

Je t’attendrai,

Toi qui ne seras de mon histoire

Toi qui n’abuseras pas d’y croire.

De mon existence, tu ne sauras

Toi qui d’un train, jamais ne descendras.

Je suis là,

Nous nous sommes peut-être côtoyés

Pour autant, dans la gare, sur un quai,

Mais pas rencontrés véritablement,

Même si il y a vraiment longtemps.

 

Je suis là

Sous un immense lampadaire éteint

Ai-je dit que j’attendrais, près des rails ?

Nous attendons un jour, une nuit, chacun

Dans une gare où la raison déraille.

J’attends

Depuis combien de temps sur ce quai,

Depuis si longtemps ou peut-être moins.

Quelquefois, je me surprends, énervé

Je fais les cent pas, impatient de rien.

Depuis quand déjà,

J’attends ici ? Depuis que j’y suis né

Si ce n’est du corps au moins de pensée,

Loin d’un réel conscient d’être serein,

Comme au ciné, proche d’un clap de fin.

Combien de train j’ai vu ?

Je ne me rappelle plus, un au moins,

En y réfléchissant, sans doute moins

Celui qui est passé sans s’arrêter,

Ou qui s’arrête sans être passé.

Sis là,

J’ai vu une ombre, aussi une fois,

Venir me saluer, mais au nom de quoi ?

Nous avons discuté des petits riens,

Puis elle passa, comme un demain.

 

Je suis ici,

À la recherche d’un triste destin,

Je n’ai rien trouvé d’autre que le mien,

Foulé par une foule intense,

Imaginée par l’atrophie du sens.

 

Ah !!

Quel horrible et hypocrite destin

Qui fait imaginer ce qui est vain,

Et ordonne à la raison d’exister

Pour qu’une vie soit vue et justifiée.

 

Je suis là,

Sis sur un siège sans pied, sans dossier,

Dans un terminus oublié, sur un quai,

Proche de voie sans rail… vide de train.

Sous un hall planté au mi d’un destin.

bottom of page